Persuasion, de Jane Austen

Sous le vernis d'un genre, chacune des phrases de Jane Austen attaque les conventions, traque les ridicules, et finit avec une grâce exquise par pulvériser la morale bourgeoise, sans avoir l'air d'y toucher. Les héroïnes de Jane Austen lui ressemblent, elles aiment les potins mais détestent bavardages, grossièreté et vulgarité. La pudeur, le tact, la discrétion, l'humour sont les seules convenances qu'elles reconnaissent... Et si Jane Austen mène les jeunes filles au mariage, c'est fortes d'une telle indépendance qu'il faut souhaiter au mari d'être à la hauteur ! A lire yeux baissés et genoux serrés pour goûter en secret le délicieux plaisir de la transgression des interdits.

Un petit peu de Jane Austen de temps en temps est bon pour la santé. Alors le dernier en date fût Persuasion, un roman qu'elle n'a jamais corrigé et qui fut publié après sa mort.

Persuasion raconte l'histoire de Anne Elliot, 27 ans, qui vit toujours avec son père et sa soeur aînée et elle n'a plus vraiment de doutes quant à son avenir de vieille fille. Anne a un caractère doux et calme, c'est une fille intelligente qui lit beaucoup et ce sont ces qualités qui lui ont valu une demande en mariage de la part de M. Wentworth lorsqu'elle avait 19 ans. Profondément amoureuse de lui, elle avait accepté cette demande jusqu'à ce que son amie l'ai convaincue d'y renoncer, car le futur époux n'était pas assez bien pour elle, selon Lady Russell. Aujourd'hui Anne, sa soeur et son père sont obligé de quitter leur maison car ils n'ont plus les moyens d'y rester. Ils vont donc la louer, et à qui d'autre que la soeur de M. Wentworth, qui va la rejoindre assez vite. Commence alors un chassé-croisé entre le Capitaine (il a pris du galon pendant 8 ans) et notre héroïne. 

Comme dans tout Jane Austen, les personnages sont irrésistibles. Ah, la bonne société anglaise et ses convenances ! Quel plaisir de la retrouver. Certains personnages sont imbuvables et franchement il y a des claques qui se perdent, d'autres insupportables et eux mériteraient des coups de pieds aux fesses, d'autres enfin sont juste superficiels. Et au milieu de tout ce bazar et ces convenances, on a deux petites lumières qui sont Anne et le Capitaine. Quel dommage qu'ils n'aient pas plus de scènes ensembles où les regards et les silences sont plus parlant que tous les mots qu'ils s'échangent ! Enfin, bref, une belle brochette de personnages illustrant la futilité de la société aristocratique de campagne dans l’Angleterre du XIXème siècle.

Quant au style, on sent de temps en temps que l'auteur avait prévu d'y revenir.Par exemple, certains dialogues ne sont pas écrit mais décrit ce qui donne une impression d'inachevé. Et comme c'est véritablement le cas, il n'y a rien à reprocher, cela donne juste une drôle d'impression.

Au final, c'est une belle histoire d'amour qui nous est contée, entre deux personnes pleines de finesse. Certains personnages sont proprement insupportables et des claques se perdent. Enfin un style un peu décousu vu que l'auteur n'a eu le temps de retoucher son manuscrit. Et même si ce n'est pas mon roman préféré de Jane Austen, il se classe plutôt bien dans mon TopJA personnel.