vendredi 3 juin 2011

Comme il vous plaira, de Shakespeare

Un Duc usurpateur, un ancien Duc exilé, des jeunes gens, deux jeunes filles, et un fou. Une belle brochettes de personnages, qui s'imaginent beaucoup de choses et agissent en conséquence. Mais l'amour là et peut être réussira-t-il à réunir plus d'un couple.

As you like it fait partie des comédies de Shakespeare où les personnages s'embarquent dans des situations abracadabrantes et s'en dépêtrent comme ils peuvent. Pourtant, bien que ce titre soit classé comme tel, point ici de franche rigolade, de situation cocasse, où de bons mots à toutes les scènes. C'est plutôt ce genre de pièce en demi-teinte où ne l'on est pas dans de la tragédie, ni dans un moment historique, ni dans une franche comédie. Une pièce en demi-teinte au sujet peu important mais comportant des vérités sur les hommes et leurs comportement comme l'auteur sait en faire.

Car on est clairement dans une pièce légère, vu qu'on parle d'amour et d'amourette, mais certains personnages apportent une dimension sérieuse que j'ai trouvé bien plus intéressante que la pseudo romance entre Orlando et Rosaline. Très capilotractée d'ailleurs.

Ce sont surtout les réflexions du fou qui m'ont intéressée. Dans ce genre de pièce, le fou est le seul personnage libre de parler sans contrainte ni langue de bois. Il devient donc un personnage à la fois déluré et ayant un regard lucide sur la cour et le monde. C'est d'ailleurs pour ça qu'il est généralement pris pour un fou, et les auteurs les utilisent pour dire les vérités du monde. Ici, le fou fait des réflexions sur la folie et la sagesse des hommes, ma citation préférée étant :

"C'est tant pis, si les fous ne peuvent parler sagement des folies que font les sages." 
ou en version originale 
"The more pity, that fools may not speak wisely what wise men do foolishly."

Jacques est un autre personnage intéressant : cynique et mélancolique, il donne un ton plus grave à la pièce et par sa présence créé cette demi-teinte dont je parlais plus haut. Et voici mon passage préféré de ce personnage :

"Le monde entier est une scène : 
Hommes et femmes ne sont que des acteurs;
Ils font leurs sorties comme leurs entrées,
Et chacun dans sa vie joue bien des rôles."

A la lecture de cette pièce, mes vieux réflexes de cours de français sont revenus au galop, et je me faisais des réflexions du genre "tiens, pourquoi ce personnage utilise des vers à ce moment là, alors qu'il utilisait de la prose avant", "ah ici on voit tel thème apparaître", "qu'y-a-t-il de plus à comprendre derrière ces mots?". Et franchement, même si j'ai la flemme de lire l'introduction pour avoir mes réponses, ça fait du bien de lire un texte qui veut dire plus que ce que l'on croit à la première lecture. En gros, ça fait du bien de lire du Shakespeare !

EN conclusion, bien que la romance principale ne m'ait pas passionnée, j'ai aimé toutes les réflexions annexes à l'intrigue qui donnent toute sa richesse à l'oeuvre. Encore une fois, j'ai retrouvé le plaisir que j'ai à lire du William Shakespeare, à cause de la beauté de la langue, et des différents niveaux de lectures que peut avoir son oeuvre. Une pièce dont l’intérêt est porté par ses personnages secondaires !

1 commentaire:

Nathalie a dit…

Je n'ai jamais lu Shakespeare, ça fait du bien que tu le désacralises un peu :)

Par contre je me souviens qu'il y avait un passage de cette pièce dans un des livres d'anglais à l'époque où j'étais à l'école, je m'ennuyais tellement que je l'avais appris par coeur :
"All the world is a stage,
And all the men and women merely players.
They have their exists and their entrances,
And one man in his time plays many parts
His acts being seven ages."
etc...
La classe de pouvoir citer du Shakespeare dans le texte sans même l'avoir lu, non ? :D