jeudi 28 octobre 2010

Nation, de Terry Pratchett

Le jour de la fin du monde ...
Mau rentre chez lui depuis l'île des garçons. Bientôt, il sera un homme.
C'est alors que la vague surgit - une vague immense, qui remorque la nuit noire dans son sillage et propulse un goélette dans la forêt tropicale de l'île. Il n'y a qu'une survivante à son bord.
Le village a disparu. La Nation elle-même a disparu. Il n'y a plus que Mau, qui n'est guère vêtu, une fille homme-culotte, qui l'est bien trop, et des malentendus en pagaïe.
Aucun ne sait ce qu'il faut faire. Ni même comment le dire. Ensemble ils doivent pourtant bâtir une nouvelle Nation à partir des morceaux de l'ancienne. Inventer une nouvelle histoire.
Mais... QUI GARDE LA NATION ? OU EST NOTRE BIÈRE ? 
L'histoire ancienne ne se laisse pas évincer sans réagir, du moins tant que les Grands-Pères ont encore une voix. Et Mau doit regarder vers le passé avant d'affronter l'avenir.

Il y a encore quelques temps je ne savais pas comment commenter cette lecture. Et puis j'ai discuté avec quelques membres de Livraddict qui m'ont parlé du contexte et de la vie de Terry Pratchett.
Je dois avouer que lorsque j'ai postulé à ce partenariat entre Livraddict et les éditions Atalante, je m'attendais à un autre monde aussi délirant que le Disque-monde. Mais rien de tout ça ici. Oh, c'est bien un peu loufoque, mais le sujet reste assez sérieux.

L'histoire parle donc de Mau qui essaye de reconstruire sa vie sur son île après la vague, mais aussi d'Ermintrude qui observe Mau et qui va se mêler peu à peu de sa vie. Peu à peu des survivants vont arriver sur l'île car ils cherchent l'espoir en venant sur la Nation. Mais Mau est en colère contre Imo, le dieu créateur, et se bat contre Locaha, le dieu de la Mort, qui a emporté suffisamment de monde. Et c'est grâce à cette colère que nos deux protagonistes vont découvrir les secrets de cette île. 
J'ai eu longtemps l'impression de lire Robinson Crusoe et c'est loin d'être ma tasse de thé. Alors j'ai été, dans un premier temps, déçue par cette lecture. Et puis j'ai appris que l'auteur était très malade, voir atteint de la maladie d'Alzeimer si j'ai bien compris. Et là j'ai réalisé, que plus qu'une histoire de naufrage, c'était une histoire sur la mort, sur ceux qui se battent contre elle et sur ceux qui restent une fois qu'elle est passée. Mau, le héros, se bat constamment contre Locaha, la défie souvent et part même faire un tour dans le pays de Locaha. Et, sans l'aide d'Ermintrude, il y serait resté. Et je pense que l'on tient là, le fil principal de cette lecture : ne pas être résigné à la mort et à la fatalité mais continuer à se battre et à la remettre en doute tout le temps. D'ailleurs le cri principal du héros est "N'arrive pas" adressé à Locaha.

Au niveau du monde en lui-même, c'est en fait une Terre qui, quelque part, aurait pu exister et naître sous les doigts d'Imo. Ermintrude vient d'un monde assez proche de notre 18ème siècle et la carte des continents est très familière. Oui mais on reste dans un univers imaginé par Terry Pratchett, alors les oiseaux sont un peu particuliers, les animaux et les plantes de l'île ne sont pas très courants. Bien que l'on ne soit pas franchement dépaysé on sent quand même constamment la patte de l'auteur.

Les personnages quant à eux sont issus du pur style Pratchettien. Bien qu'il y ait pas vraiment de personnage comique ici ou qui introduit l'humour, ils trouveraient leur place dans une autre œuvre de l'auteur. A cause du récit et de la nature sérieux du thème, les personnages sont plutôt pragmatiques, mais aussi curieux et attentifs.  Nos deux héros évoluent au fil du récit et comme ils doivent reconstruire un pays, plus par nécessité que par obligation, ils apprennent vite à improviser. Pas franchement attachants, mais plus réalistes et authentiques, j'ai passé un agréable moment en leur compagnie. De même, on reste dans les mains de Mr Pratchett, alors ils ont tous, à un moment ou à un autre, des réflexions assez rigolotes.

Enfin, au sujet de style, que dire à part que c'est du Pratchett ! Mais là encore, avec un ton plus sérieux que dans les Annales, et une impression de retrouver ce style si particulier de manière diluée. Pour ceux qui ne connaissent pas, il faut savoir que l'auteur aime les comparaisons étranges mais explicites, narre son histoire avec un ton toujours un peu ironique et introduit des éléments loufoques régulièrement dans son récit.

Allez quelques passages pour le fun :

"Et certains ne venaient pas parce qu'ils étaient partis à la pèche ; quand il faut choisir entre voter et pécher, c'est le plus souvent le bar qui l'emporte."

"- Mais je peux vous donner des ordres, tout de même ?
- Vous pouvez assurément présenter des demandes, sire, et nous ferons tout notre possible pour les satisfaire. Mais, hélas, vous ne pouvez pas nous donnez d'ordres. Franchement, nous serions dans de beaux draps si nous prenions des ordres des rois."

Enfin je dois dire que le livre en lui-même est beau. Il est agréable à tenir, le papier est épais et les petits dessin au début de chapitre agrémentent bien le récit. J'aime tout particulièrement celui p99 qui fait penser à l'armure de Pégase des Chevaliers du zodiaque...

En résumé, c'est un bon livre, qui parle d'un sujet grave mais avec légèreté, plus sérieux que prévu mais toujours un peu décalé. 

Je remercie donc Livraddict et Atalante qui m'ont permis de découvrir cette œuvre grâce à leur partenariat.


3 commentaires:

Frankie a dit…

Ah ben en effet, tu n'as eu personne sur ce livre-là ! Je ne peux pas dire que je le lirai un jour mais why not ! :)

Céline a dit…

Je ne connais pas cette oeuvre de Pratchett, mais ce que tu m'en dis me donne envie de tester...

Lyra Sullyvan a dit…

Contente que notre discussion sur Pratchett t'aie permis de savourer davantage ce livre. En effet il a une forme assez rare d'Alzheimer, et il se bat beaucoup contre cette maladie, il a donné beaucoup d'argent à la recherche et a accepté volontiers de se prêter à des expérience de combat contre celles-ci. Je pense que je testerai Nation, ça m'intrigue, et j'adore les œuvres de Pratchett. Merci pour ce commentaire ! :)