jeudi 2 décembre 2010

La Voleuse de livres, de Markus Zusak

Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort. Et, parmi eux, plus rare encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité.
Liesel Meminger y est parvenue.
Trois fois cette fillette a croisé la Mort et trois fois la Mort s'est arrêtée.
Est-ce son destin d'orpheline dans l'Allemagne nazie qui lui a valu cet intérêt inhabituel ? Ou bien sa force extraordinaire face aux évènements ? A moins que ce ne soit son secret ... Celui qui l'a aidé à survivre. Celui qui a même inspiré à la Mort ce si joli surnom : la Voleuse de livres ...

Heureusement que j'avais oublié de quoi parlait ce livre avant de l'ouvrir car sinon je ne l'aurai probablement jamais fait.

L'histoire se passe entre 1939 et 1942 dans l'Allemagne nazie, dans la ville de Molching près de Dachau. Autant vous dire que moi cette période là, je la fuis comme la peste normalement. La Mort nous raconte donc l'histoire de la petite Liesel qui arrive chez ses parents nourriciers au début du livre. Et puis le narrateur, La Mort, nous dit comment et pourquoi elle l'a croisé trois fois quand elle venait chercher le cadavre de quelqu'un d'autre. C'est une histoire assez étrange car elle mêle une certaine légèreté à un contexte très dur. Car même si Liesel est du bon côté de la barrière vu qu'elle est allemande, elle cherche quand même à vivre au mieux malgré la pauvreté de ses parents. Et elle va trouver du plaisir dans la lecture. N'ayant pas accès à la lecture elle comprend qu'elle va devoir devenir La Voleuse de Livre. C'est une histoire assez dure que Markus Zusak nous conte là car on croise souvent la faim, la misère, le froid, l'antisémitisme et l'intolérance. Mais on y croise aussi la générosité, le partage, la tendresse et l'humanité. Et puis notre héroïne reste une enfant, qui grandit vite certes, mais une enfant tout de même.  Une histoire en demi-ton donc, qui nous laisse espérer qu'il y avait des gens comme elle et ses parents à cette époque là.

Les personnages sont tous très intéressants. Terriblement complexes et humains, ils arrivent tous à nous toucher d'une certaine façon. Un peu abîmés ou franchement écorchés par le nazisme, ils sont tous également en demi-teinte. Rien n'est tout blanc, même si quelques uns sont tout noir. Mais certains personnages arrivent à faire de la beauté et de la gentillesse dans cette laideur ambiante. Mes personnages préférés restent Hans Hubermann pour son humanité et Rudy Steiner pour être un petit garçon comme les autres. Quand au personnage principal, c'est une petite fille de 10 ans forte, curieuse, aventureuse, et très intelligente même si elle a du mal à travailler à l'école. C'est une héroïne à laquelle on s'attache très rapidement et que l'on a envie de voir avancer.

Je crois que si le livre n'était pas aussi bien écrit je l'aurai refermé au bout de quelques pages. Mais voilà, en donnant la Mort pour narrateur et en en faisant un personnage à part entière, le récit acquière une dynamique toute particulière qui nous fait tourner les pages les unes après les autres. C'est dans la force du narrateur que le récit montre tout son intérêt. La Mort, raconte mais commente aussi, explique et dévoile, et c'est par ces différentes face que l'on devient accro à ce livre. Je me disais tout le long de ma lecture, que quand ça sera trop dur je le refermerai, et finalement je ne l'ai fermé qu'à la dernière page. Car même si les évènements sont durs l'auteur arrive à nous le rendre supportable grâce à sa narratrice. Pour moi c'est vraiment le gros point fort du livre. 

Quelques extraits pour vous donner une idée :

"Parfois, ça me tue, la façon dons les gens meurent." p537

"En conséquence, je trouve toujours des humains au meilleur et au pire d'eux-même.Je vois leur beauté et leur laideur, et je me demande comment une même chose peut réunir l'une et l'autre. Reste que je les envie sur un point. Les humains ont au moins l'intelligence de mourir." p566

"LA VOLEUSE DE LIVRES - DERNIÈRE LIGNE
J'ai détesté les mots et je les ai aimés,
et j'espère en avoir fait bon usage." p608

"UNE ULTIME NOTE DE VOTRE NARRATRICE
Je suis hantée par les humains." p632


En conclusion, je suis bien contente d'avoir oublié le résumé et d'être allée jusqu'au bout car c'est un livre fort, réellement intéressant d'un point de vu historique, mais également très puissant pour un roman. Les personnages sont complexes car vivent avec une réalité dure à accepter mais peuvent apporter une humanité à cette histoire. Enfin c'est tellement bien écrit que l'on ne voit pas les pages tourner.

J'ai lu ce livre dans le cadre d'une lecture commune faite avec Heclea, qui a en a eu l'idée.

Ce livre fait également partie de mon Big Challenge 2010 


8 + 3 / 10 +3

5 commentaires:

heclea a dit…

J'ai été très touchée par ce livre qui bien qu'avec un sujet très dur arrive à rester beau, poétique et à nous donner par moments de l'espoir.
Une magnifique découverte pour moi !

Pauline a dit…

A lire, bien évidemment! :D C'est prévu. J'aime toujours autant lire les réactions sur ce roman.

Cess a dit…

Oui je suis d^'accord, un livre fort !

Nathalie a dit…

J'arrive un peu tard mais ce soir je fais le tour de ton blog, alors j'en profite pour mettre mes commentaires :) Je suis tombée sur ce livre par hasard et comme toi, si l'écriture n'avait pas été si belle et s'il n'y avait pas eu la naïveté de la narratrice, je l'aurais vite refermé. Et d'ailleurs, arrivée au bout, j'ai pleuré comme une madeleine pendant un bon bout de temps... C'est dur, mais c'est beau (mais c'est dur)... Un livre puissant, en effet.

Frankie a dit…

Je suis très contente d'avoir lu ce livre et je suis tout à fait d'accord avec toi sur ce que tu dis. J'ai beaucoup aimé Hans mais également Liesel et Max.